CHRONIQUES
DE POURPRE
UNE VISION IMPERIEUSE DES HOMMES & DES OEUVRES
Revue Polycontemporaine / Interventions Litteraires
/ N° 042 / FEVRIER2017
MARCEL CONCHE
CONFESSION D’UN PHILOSOPHE.
MARCEL CONCHE.
Réponses à ANDRE COMTE-SPONVILLE ;
Décembre 2002. 280 p. LE GRAND LIVRE DU MOIS.
André Comte-Sponville, grand manitou du recueil Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens que nous avions quelque peu malmené, lors de sa parution, voici plus de dix années, nous avons failli ne pas lire par principe. Pour les non-initiés Sponville c’est la philosophie du petit bonheur, plus proche des plaisirs minimalistes à La première gorgée de bière d’un Philippe Delerm que de l’hédonisme anarchisant de Michel Onfray. Il fut fort à la mode à la fin des années quatre-vingts au moment précis où le libéralisme économique prenait le devant de la scène. Son rôle fut de dresser un voile de fumée autour des pensées philosophiques qui avaient irrigué les mouvements de révolte des années soixante. Le souvenir d’une interview de Marcel Conche parue dans Antaïos a réfréné notre premier mouvement.
Le type d’entretien préconisé par la collection ne relève pas du dialogue platonicien. Sachons gré à André Comte-Sponville d’avoir su rester discret. Jamais il n’endosse le rôle du tortionnaire qui fait monter la maïeutique afin d’arracher des aveux récalcitrants. L’ancien élève du professeur Conche n’abuse pas d’une longue amitié intellectuelle. Sa connaissance de l’œuvre et de l’homme lui permet de poser les questions adéquates et d’éviter de trop longues approches auxquelles un néophyte nous aurait condamnés.
Marcel Conche, alerte jeune homme de quatre-vingts ans, esprit vif, jugement sûr, opinions tranchées, est un cas atypique du monde intellectuel français. Il a osé se faire tout seul, refusant toute sorte de formatage généalogique. Il ne suivra pas le courant dominant, mais ne cèdera pas non plus à la mode de le remonter. Il n’aboie avec les loups et ne hurle avec les chiens que lorsque cela lui chante. Il ne possède pas cet insupportable instinct grégaire qui oblige la plupart à choisir leur camp, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont pas cette indépendance d’esprit d’être leur propre camp à eux tout seul.
Au seuil de sa vie Marcel Conche s’avancera dans la carrière professorale revêtu de son premier bagage universitaire. L’idéalisme allemand est sa patrie, le marxisme ne le rebute pas. Mais notre philosophe est aussi armé de sa sagesse paysanne. Pour vivre heureux, vivons caché. Conche se ménagera une existence paisible. L’amour mais pas la passion. De quoi gagner correctement son pain, mais sans y perdre son temps. Aucun appétit de promotion sociale, peu d’appétence pour l’argent, refus de la gloire. Les natures romantiques reprocheront à cette attitude une certaine conception assez étriquée de l’idée de bonheur. Conche n’est pas un exalté, lui qui tique sur le Refus d’Obéissance de Giono, avoue avec ingénuité, que membre d’une famille de résistants, partageant les idéaux de la Résistance, il préfèrera poursuivre ses études que s’engager et prendre parti. Pour n’avoir pas à revenir de Syracuse, le mieux est certes de n’y avoir jamais porté ses pieds.
Toutefois Conche n’est pas totalement satisfait de son jardin philosophique. Montaigne sera sa première révélation. En ce temps-là délaisser Descartes, et donc la phénoménologie hulsserlienne pour un semi-essayiste verbeux n’était pas habituel. Avec Montaigne, Marcel Conche s’éloigne de toute dogmatique systémique. Avec Montaigne, Marcel Conche retrouve la sagesse d’Epicure. Mais avec Montaigne, selon un cheminement typiquement français, et les dieux savent combien aujourd’hui il est difficile d’entrevoir l’auteur des Essais, comme un intercesseur de la philosophie antique, car la perspective temporelle le désigne davantage comme un héritier que comme un introducteur, Marcel Conche accède aux grecs.
Un parallèle analogique avec Heidegger s’impose. L’on ne parlera pas d’influence mais de convergence. Mais alors qu’Heidegger cherche à percer le mystère ensoleillant de l’être de l’étant, Marcel Conche aboutit à la physis. Il ne faut surtout pas entendre celle-ci comme le fondement nécessaire et suffisant à l’élaboration de la pensée conchienne. La physis y est en effet plutôt pensée en tant que jaillissement de toute présence. La logique voudrait, mais Marcel Conche réfute en quelque sorte le logos, que Marcel Conche empruntât après cela, les chemins de la volonté. Mais il n’en est rien. L’on ne se baigne jamais dans le même fleuve, mais la source de la physis si elle jaillit sans cesse, ne forme jamais de rivière. Lorsque l’okeanos n’a pas de rive, il est impossible d’y accéder puisque l’on y nage déjà dedans.
De cette contradiction, de cette lecture toute parménidienne d’Héraclite, Marcel Conche ne pipe mot. La pensée conchienne est aussi éloignée de tout militantisme matérialiste que tout parti-pris idéaliste. Elle est en même temps et naturalisante et métaphysique. Cette double postulation antithétique explique à merveille comment et pourquoi Marcel Conche ne réfute pas le concept de vérité, qui d’après lui surplombe et surpasse celui de sagesse, tout en démontrant avec une netteté exemplaire que les jours qui viennent seront ceux de l’affrontement sans merci entre la pensée philosophique et le monothéisme religieux.
A l’instar de son disciple Marcel Conche n’est pas nietzschéen ! Selon ses démonstrations la valeur de la vérité et la vérité de la valeur sont une seule et même chose. Au-dedans de l’Histoire la valeur transcende l’ici et maintenant de toute chose, de toute pensée. L’on peut parler, sans jouer sur les mots, de valeur ajoutée à la présence de tout étant. Marcel Conche a bien tué Dieu le père, mais il a un mal fou à faire disparaître le petit Jésus. La souffrance d’un enfant est le fondement de la nécessité de la valeur de la morale. De même la Déclaration des droits de l’Homme est à considérer comme l’impératif catégorique de la valeur morale de notre époque. Pour nous, nous y verrions plutôt comme la laïcisation inconsciente et extrême de l’idée de Jésus Christ, dernier avatar occidental du monothéisme. Ah ! si j’avais un marteau ! comme le dit la chanson.
Le terme Confession, même si une note précise qu’il est emprunté à Leibnitz et non à Saint Augustin, recoupe étrangement le titre du dernier chapitre, Ce que je crois. Alors que l’on a à plusieurs reprises poussé un cri d’alarme en évoquant les futurs combats de la philosophie et de la religion, alors que l’on est un spécialiste reconnu des antésocratiques et de la philosophie grecque, est-il vraiment raisonnable, d’entretenir la confusion conceptuelle entre croyance et pensée ?
Marcel Conche est un Libianus moderne. Tout comme ces polythéistes du temps de Julien qui ne prirent pas la peine de rejoindre le combat contre le christianisme, il se retire en sa chambre, et retourne à ses chères études. Il est sûr que la pensée de Marcel Conche manque particulièrement de perspectives.
Pour une pensée grecque, elle ignore singulièrement le politique. Ce n’est pas un hasard si Marcel Conche ne se réclame pas d’Aristote ! Celui-ci est trop près d’Alexandre et de l’Histoire. Pour autant que nous aimons les Grecs, nous ne sommes point dupes de l’existence d’un certain angélisme contemporain présocratique. L’Antiquité est trop souvent entrevue par ses sectateurs comme un refuge, une fuite, un éloignement, une mise à l’écart volontaire et préméditée. Si par ailleurs, pour le monde hic et nunc, l’on se drape dans la toge intangible de la Déclaration des Droits de l’Homme, l’on se forge ainsi sans risque et sans effort une réputation de fort honnête homme, à peu de frais. Marcel Conche s’est aménagé ce que nous nommons une niche écologique de survie individuelle des mieux adaptées à ses goûts.
Le livre est enjoué. Il laisse toutefois comme un goût amer à la bouche. Il ne suffit pas de posséder le savoir. Encore faut-il la volonté d’en faire quelque chose. Les mesquines solutions égotistes et personnelles qui furent les choix de toute l’intelligentsia européenne depuis la fin de la guerre ont précipité le triomphe éhonté du libéralisme marchand.
André Murcie.
SAPPHO + DIKA
ODES ET FRAGMENTS.
SAPPHÔ.
Traduction et présentation : YVES BATTISTNI.
Poésie / Gallimard. Mars 2005.
Déesse au trône diapré, immortelle Aphrodite,
Fille de Zeus, tisseuse de ruses, je te supplie :
Ni tourments nauséeux, ni fléau de l’angoisse, pour me dompter
Souveraine, le cœur.
POEMES.
SAPPHO.
Traduit du grec et présenté par JACKIE PIGEAUD.
Rivages poche / Petite Bibliothèque. Août 2004.
Dont le trône éblouit de couleurs multiples, Immortelle Aphrodite
Fille de Zeus, tisseuse de ruses, je te supplie,
Ne terrasse pas mon cœur de nausées ni de chagrins
Ô Sainte,
Nous ne nous lancerons point dans d’oiseuses et inutiles comparaisons. Certes Yves Battistini a pour lui l’autorité sentimentale de son petit livre rouge des Trois Présocratiques dans la collection Idées paru en mars 1968 et qui reste pour toute une génération d’étudiants, ne maîtrisant qu’imparfaitement la langue des Dieux, un des rares point de passage et d’initiation possible à la philosophie aplatonicienne…
Ces deux traductions nous ravissent. Non pas parce que leur parution à si peu d’intervalle marquerait l’actualité de la prêtresse de Lesbos, bien plutôt parce qu’elles attestent de la permanence de la poésie de Sappho. Il ne nous reste même pas trois poèmes en entier de Sappho. L’on imagine les autodafés dont une œuvre empreinte d’une telle lubricité a dû être la victime dans les monastères. Je n’ose même pas penser aux papyrus découpés à la dérobée par de jeunes copistes affolés qui le soir en leur cellule solitaire ont dû se livrer à de furieuse séance de masturbation. L’encre noire peu à peu rongée et effacée par les séminales émulsions, en poésie nous ne sommes jamais loin du vertige mallarméen de la page blanche.
Mais arrêtons nos délires adolescents. C’est très mâle. Surtout que nous risquons de nous fâcher avec le lectorat de Jackie Pigeaud qui dans sa présentation opère une lecture très militante de Sappho. Sappho fut sans doute trop femme pour avoir été féministe. Ainsi, aussi inattendu soit-il c’est Yves Battistini qui, faisant preuve d’un tel dédain pour l’anecdote supplétive de l’amour de Sappho pour le beau Phaon, la relègue à perpétuité sur l’inutile rivage des opinions inconsistantes sans se donner la peine de lui accorder une quelconque importance.
De même Jackie Pigeaud ne s’écarte guère d’un relevé topographique des résurgences de tel ou tel vers de Sappho chez Catulle ou chez Ovide. La poésie ne se discute pas. Yves Battistini s’inscrit dans une dimension plus littéraire puisque incluant la rémanence générative de l’écriture de Sappho dans une production poétique qui n’est plus redevable de son seul contexte historial mais qui se veut avant tout opératoire. De Chénier à Pierre Louÿs c’est bien le sort de la lyrique française des deux derniers siècles qui s’est joué.
Quiconque est à même de comprendre en lisant les fragments mutilés de Sappho que la poésie relève autant d’une érotique que d’une arestique. Toutes deux intérieures et extérieures. Sappho chante le désir. Accompli ou inaccompli. Mais c’est à la modernité des Dieux qu’elle nous permet d’accéder. Eros pour sûr, qui nous est si familier que nous ne prenons pas garde de sa nature divine, pour nous contenter de ses éphémères représentations, mais surtout Aphrodite qu’elle nous interdit de par la volupté de son vers et de son désir de confondre avec une resucée, mariale et virginale, de la triple déesse mère des anciens cultes agrestes.
Tisseuse de ruses, se plaisent à répéter nos traducteurs. Le signe de l’éris pour qui sait y voir le prestige, le principe de la division polythéique. Ne doutons pas un instant : il s’agit bien de l’Aphrodite Troyenne et Homérique. Celle par qui Zeus manifesta le dessein de l’Imperium. Peut-être n’est-il pas de poésie grecque plus politique que celle de Sappho.
Le désir du même n’intime-t-il pas, n’inthyme-t-il pas si l’on veut souligner la traduction de Jackie Pigeaud, la nécessité de l’autre ? L’on perçoit mieux ce qui a pu induire le traducteur d’Empédocle, d’Héraclite et de Parménide à se vouloir, outre une préférence personnelle des plus respectables, mais qui doit être le signe d’une autre exigence, l’entremetteur de Sappho.
L’on a souvent l’impression que nos chemins ne mènent nulle part. Du moins pas plus avant que les caprices qui les ont frayés. Nous sommes revenus si souvent sur nos pas que nous oublions jusqu’au souvenir de nos errements successifs. Tant de pistes croisées et recroisées que nous ne saurions exactement en délimiter les champs d’incertitudes qui en recouvreraient l’aire, si d’aventure nous parvenions à les tracer.
Mais il existe toujours une logique dans nos labyrinthiques allées et venues. Trop souvent nous ne sommes pas à même de définir celle qui nous acte personnellement. De plus il est sûr que la somme collective de nos va et vient individuels induisent une logique supérieure. Nos actes ont des répercussions sans fin. Sappho écrit, Battistini traduit, Murcie commente. La figure de l’Imperium agresse ( antique ) le lecteur.
Gongyla,
assurément un signe…
pour tous, surtout…
Hermès est entré…
Sappho nous invite à une herméneutique généralisée du réel et de la vie. Nous avons pris l’habitude de nommer ce faire merveilleux qui consiste à tirer, telle Pénélope pour mieux en maîtriser la courbe ascendante vers notre point d’ultime déclin, un fil du linceul de notre existence dans le monde, POIESIS.
André Murcie.
DIKA, ELEVE DE SAPPHO
( Lesbos, 600 av. J. - C. )
SANDRA BOEHRINGER
( Editions Autrement / 1999 )
Court roman de moins de cent cinquante pages. Pas d’intrigue à proprement parler. Ne correspond en rien avec ce que l’on appellerait un roman historique, même si Dika a probablement existé puisque son nom nous a été transmis par un vers de Sappho. Le projecteur de l’écriture suit Dika, mais elle n’est pas l’héroïne du roman, Sappho non plus, même si elle se trouve souvent sur le devant de la scène. Nous allions l’oublier, nous ne sommes point non plus en une œuvre saphique ou érotique.
Roman d’analyse, mais pas psychologique, plutôt une étude socio-politique. Sandra Boehringer tente d’expliquer la signification de l’apparition de la poésie lyrique dans la Grèce quasi archaïque. Un moment si court qu’elle en expose surtout les circonstances de sa disparition. Nous sommes à Lesbos, mais l’île n’est pas épargnée par les remous qui agitent l’oïkouméné en son entier. D’Athènes à Lesbos se déploient les mêmes phénomènes.
Le monde grec subit une profonde mutation. L’aristocratie cède peu à peu le pas à la caste des marchands. Beaucoup d’aristocrates sont eux-mêmes les acteurs de ce profond bouleversement. Il faut savoir s’adapter si l’on veut survivre. Nous pourrions expliquer en employant des concepts plus actuels, en affirmant que la modernité phagocyte la période classique condamnée par le vent de l’Histoire. Ceci tuera cela, disait Victor Hugo.
Double révolution - Sappho parlerait plutôt d’involution - le goût du lucre et de l’argent sape les antiques valeurs morales. Les nouveaux rapports d’acquisition des richesses par l’extension du commerce redistribuent les rôles jusqu’à l’intérieur des familles. Les hommes vont au loin, vendre et acheter marchandises et produits finis, durant leur absence, ils tiennent à ce que leurs épouses et leurs filles n’abusent d’une trop grande liberté. Le gynécée devient un lieu d’enfermement. Ne croyons pas que jusqu’à lors c’était la liberté totale pour la gent féminine, loin de là, le patriarcat régnait en maître, mais les jeunes filles avaient droit à un minimum d’éducation, une paideia pour les femelles qui se limitaient à la danse, au chant, à la récitation de textes… Le genre d’enseignement que Sappho prodiguait à des jeunes filles, pas toutes, les rejetones des grandes familles, et d’autres moins fortunées mais dotées de parents permissifs. Avec le mariage, rassurez-vous, tout rentrait dans l’ordre, la femme commandait aux serviteurs et aux esclaves, ou se livrait, pour les moins riches, aux joies des tâches ménagères… Les jeunes garçons possédaient aussi leur paideia, l’enseignement se situait sur les deux plans, physique et intellectuel. Mais cela n’était pas suffisant. Fallait encore être initié à la vie politique. Un jeune adolescent devait être guidé par un adulte mâle qui l’introduisait dans le monde fermé des hommes. La relation qui s’établissait entre l’élève et le maître était aussi d’ordre érotique. Cette coutume provenait des sociétés guerrières indo-européennes, le bataillon Sacré de Thèbes en est la preuve la plus évidente. Pour les jeunes filles la réciproque n’était pas obligatoire, mais l’on se doute que la promiscuité des jeunes vierges inclinaient beaucoup de celles-ci à de ferventes étreintes…
Résumons : le ferment agonistique de l’émulation aristocratique donna naissance à un certain individualisme que marqua la naissance de la poésie lyrique d’Alcée et de Sappho. L’on se détourne de la grandeur épique des Dieux et des Héros en faveur de ce petit moi proliférant. Ce phénomène que plus tard Aristote analysera comme un procédé de dégénérescence civique engendrera la montée en flèche zénonienne de l’égotisme individuel qui se traduira politiquement par l’apparition de la tyrannie. Les tyrans portés au pouvoir par des insoumissions populaires dont ils ont su capter à leurs propres fins la violence et la puissance deviendront à leur tour aussi impopulaires que les anciens maîtres qu’ils avaient destitués. Leur succèderont plus tard les assemblées démocratiques, mais le roman de Sandra Boehringer s’arrête à ce moment précis de basculement entre les deux premières étapes du cercle vicieux du retour éternel du Politique. En cela le livre est réussi, qui explicite à l’envi comment les individus sont actés par des formes qui les dépassent et les manipulent comme des marionnettes plus ou moins conscientes des raisons profondes de leur parcours existentiel. Une belle démonstration, un peu trop linéaire et mécaniste à notre avis. L’ossature logique est parfaitement articulée, mais le style en a été un peu délaissé. L’ouvrage manque de chair, un comble pour un livre qui nous parle de Sappho !
André Murcie / Juillet 2015.