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CHRONIQUES DE POURPRE 479 : KR'TNT ! 479 : FLASHBACK / BACK FROM THE CANIGO / ROCKABILLY GENERATION + BIG BEAT STORY / VINCE ROGERS' LONG BOX 2 / ROCKAMBOLESQUES

KR'TNT !

KEEP ROCKIN' TILL NEXT TIME

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LIVRAISON 479

A ROCKLIT PRODUCTION

FB : KR'TNT KR'TNT

08 / 10 / 20

 

FLASHBACK / BACK FROM THE CANIGO

ROCKABILLY GENERATION + BIG BEAT STORY

VINCE ROGERS' LONG BOX / ROCKAMBOLESQUES

 

Flashbackdoor men - Part One

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Pendant quelques temps, Flashback a participé à la grande surenchère fanzinarde pour gens riches, c’est-à-dire ceux qui collectionnent les disques rares des années soixante-dix, et pour être plus précis, les disques dont personne ne voulait à l’époque. May Blitz ? Ha ha ha ! Mighty Baby ? Ho ho ho ! Aujourd’hui, les ceusses qui les veulent doivent sortir plusieurs billets de 100. Ah comme le destin peut être cruel !

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Au niveau look, Flashback se positionnait comme le concurrent d’Ugly Things, se présentant sous la forme d’un gros dos carré format A4 de 200 pages imprimé sur couché brillant, c’est-à-dire bien tape à l’œil, alors que Mike Stax veille à imprimer Ugly Things sur un bouffant bas de gamme, pour conserver le chic de zine. Paru en 2012, le numéro 1 de Flashback proposait un article de 20 pages sur Mad River et un autre tout aussi consistant sur Fanny. Mais c’est un autre article qui avait poussé à l’achat, une sorte de panorama consacré à des guitaristes intéressants et le plus souvent méconnus. On lisait en couverture ce titre ronflant : «The 100 most under-rated guitarists of the 1960s & 70s.» Et pour une fois, l’article ne vendait pas du vent, puisqu’on tombait sur des gens comme Paul Rudolph, Joe South, Eddie Phillips, Randy Holden et Johnny Echols, pour n’en citer que cinq des plus connus.

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Alors évidemment, ce genre de panorama ouvre l’appétit. C’est même la porte ouverte à tous les excès et à ces violentes crises d’aventures comparables à celles qui secouaient jadis les porte-monnaie comme des carcasses de tuberculeux. Pour utiliser une autre métaphore, le jeu consiste à creuser un filon. Dans le cours de sa brève existence (12 numéros), Flashback va d’ailleurs se spécialiser dans ce type de dossier-filon, tapant dans des thèmes aussi alléchants que le hard rock des années soixante-dix (pas le métal, mais ce qu’on appelait le rock hard, Atomic Rooster, Dust et tous ces cultivateurs de heavyness sonique) ou encore les songwriters, dont la grande majorité sont totalement inconnus en Europe.

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L’un des guitaristes fêtés dans le top 100 des under-rated est l’immense Martin Pugh, qu’on peut entendre dans Armageddon et Steamhammer. Aaron Milenski synthétise ainsi : «Armageddon is a lost classic of 70s hard rock guitar, on which Pugh plays with remarquable speed and precision. Imagine if Robert Fripp played straightforward hard rock and you have half the picture.» Il est important de préciser qu’Armageddon était une sorte de super-groupe monté par l’ex-Yardbird Keith Relf, Martin Pugh et Bobby Caldwell, transfuge de Captain Beyond et ex-batteur de Johnny Winter. Le quatrième larron s’appelait Louis Cennamo, un mec qu’on croise aussi dans Colosseum, Renaissance et Steamhammer.

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Alors évidemment, Armageddon est un album qu’il faut écouter. Paru en 1975, il s’est noyé dans la masse. Martin Pugh y joue le rôle d’un sorcier du son. On sent la très grosse équipe de surdoués. Sur la pochette, on les voit allongés dans les gravats, mais ils se comportent comme des princes du prog. Pugh plugs it ! Il vrille des torsades définitives dans «Buzzard». Il joue son va-tout, il enfile ses prises de guerre, par derrière et par devant. Il y a quelque chose d’indiciblement barbare dans son jeu. Keith Relf chante comme un hippie. Fini le temps des Yardbirds. Il navigue au long cours, comme s’il suivait la mode. Avec «Paths & Planes & Future Gains», Martin Pugh nous réveille à la cocotte. Il profite de ce groove demented pour ramener toute sa viande. Il fait la loi dans ce cut et part en virée abominable. Il fait le show. On le retrouve en B dans «Last Stand Before», une sorte de rumble de rêve. Pugh joue en embuscade. Puis Armageddon nous propose un long cut intitulé «Basking In The White Of The Midnight Sun» et découpé en quatre épisodes. C’est ce prog bien musclé qu’on détestait tant à l’époque. Pendant que Bobby Caldwell bat ça sec et net, Pugh part en traître et balance quelques retours de manivelle. Il joue en force et Bobby frappe comme un sourd, alors ça prend une drôle d’allure. On les voit piquer une crise et s’emballer avec Basking. Keith rime nights avec rights et Pugh joue des accords liquides. Il se paye aussi une belle partie de wah dévastatrice, il surjoue son riffing et bat tous les records d’insistance. Et ça explose avec la reprise de Basking. On entend même des clameurs d’éléphants, Pugh joue comme un dératé, ça frise le funk et le génie rétributif.

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Pugh s’était acoquiné avec Martin Quittenton pour monter Steamhammer, l’un des fleurons du Bristish Blues Boom. Leur premier album sobrement titré Steamhammer date de 1969, qui est l’année du grand cru : Fleetwood Mac, Chicken Shack, Bluesbreakers, Savoy Brown, tout le monde s’y est mis en même temps. C’est avec «Junior’s Wailing» que Steamhammer emporte la partie, Pugh rue avec Quittenton en contrepoint et ce diable de Kieran White chante au bon gras double. Quitt et Pugh plient bien leur plug. L’autre stand-out track, «You’ll Never Know», bascule dans la démesure du boogie blues de l’époque et se montre digne du fameux «Stumble» de Peter Green. «Splendid boogie woogie rocker», nous dit Chris Welch. Pugh virevolte dans tous les coins. On salue aussi «She Is The Fire», car ce dingue de Pugh s’en va jouer dans des stratosphères, il va y chercher l’écho de la hargne et revient wahter en état de grâce. Kieran White chante avec l’insistance d’un Ian Anderson. On sent chez eux un goût pour la heavyness, celle des Doors, notamment dans «Even The Clock». En matière de boogie rock, ces mecs restent aussi imprenables qu’un fort de Vauban, c’est en tous les cas ce que montre «Down The Highway». Ils trempent aussi dans le heavy blues, comme le font tous les groupes anglais de l’époque, dommage que la voix de Kieron White soit si impersonnelle. Il ne dispose pas du feeling d’un Stevie Marriott ou d’un Chris Farlowe. Ils terminent avec un heavy boogie infectueux, «When All Your Friends Are Gone». C’est là où ils excellent. Pugh brille au firmament.

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MK II paraît la même année et c’est avec l’infernal «Contemporary Chick Con Say» qu’ils font la différence. C’est bardé de son et du meilleur. Pugh donne de la voile, c’est le boogie blues à l’Anglaise comme on l’aime, ils jettent un sax free dans la soupe et ça devient assez féerique, il faut bien l’admettre. Pugh est un joli démon souriant, il pulse tout ce qu’il peut. Mais on sent dans les premiers cuts de fortes tendances prog. Ils emmènent leur «Johnny Carl Morton» ventre à terre, tagada tagada voilà les Morton. Ils perdent le blues en route. Ils vont même jusqu’à ramener une flûte dans «Turn Around», une flûte à la Tull, pas celle d’Hollande, celle d’Aqualung. C’est une façon comme une autre de ruiner un album. Ça se dégrade encore avec «6/8 For Amiran», d’autant plus que Kieran White chante comme Aqualung. Ils font une espèce de goove prog chauffé à l’harmo et battu à la diable. On reste dans Aqualung en B avec «Passing Through». Pugh joue dans l’air du temps. Ils nous embarquent ensuite dans un «Another Travelling Tune» de 16 minutes, mal barré car amené à la flûte de Fellini, dans les ténèbres de l’antiquité. Le cut porte bien son nom car il descend ensuite faire le Louisiana shuffle à la Nouvelle Orleans.

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On retrouve le Tull syndrome sur leur troisième album, Mountains, qui date de 1970. Heureusement que Pugh crève l’écran avec sa guitare, ce que montre très vite «Levinia». Pugh jazze ça à l’insistance. Il s’inscrit encore dans la jazzitude avec «Henry Lane». Ils échappent définitivement au moule à gaufres du Bristish Blues. Ce diable de Pugh replugue ses grandes ardeurs, il allume son cut comme les lampions d’un bal du 14 juillet. On reste dans l’excellence avec «Walking Down The Road». Il s’y niche un solo de percus digne de Art. Ces mecs sonnent comme des géants du rock anglais. Le morceau titre sonne plus prog, mais avec Pugh, il faut rester sur ses gardes, car il livre en douce des merveilles grelottantes. Il monte son son en mayo. Il s’arrange toujours pour rester présent dans le son du Hammer. Il faut le voir jouer ses espagnolades dans le devant du mix du «Leader Of The Ring». Il travaille son «Riding On The L&N» au corps. Il est partout, liquide et acerbe, c’est un fiévreux, un acariâtre, il part en petite vrille de vigne, il multiplie les encorbellements, c’est violent, bien contrebalancé par cet immense batteur en instance de mourir qu’est Mick Bradley. Steve Davy joue un bassmatic killer flash. Pugh finit par reprendre les rênes, c’est un driver de mad river, il peut foutre le feu à la plaine quand ça lui chante, il peut même battre Fast Eddie Clarke à ce petit jeu, il fait du big Pugh, flirte avec l’inclassable, il vole partout et entre en osmose avec le beat rebondi de Steve Davy. Ils terminent cet album ébouriffant avec «Hold That Train», un boogie blues à la Chicken Shack. Fantastique burning shaft ! Ils rivalisent de power avec les grands groupes anglais de l’époque.

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Quand ils enregistrent Speech, la même année, ils ne sont plus que trois : Pugh, Michael Bradley et Louis Cennamo. Ils s’engagent alors sur la voie du non-retour. Ils savent qu’ils sont cuits, qu’ils ne reviendront jamais. Tu veux du prog ? En voilà ! «Penumbra» est un long cut en cinq parties et dès Battlements, Pugh bat la campagne. Il faut rester à l’écoute, par respect pour cet homme capable de grands élans charismatiques. Pugh se montre une fois de plus acéré, il sait faire durer une plaisanterie assez longtemps. Le deuxième cut «Telegram» dure 11 minutes. Pugh débroussaille sa prog à la cisaille. On se demande ce que fout un guitariste aussi génial dans ce projet. Il réussit quand même à tétaniser les curieux.

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Autre lauréat de Flashback : Gary Quackenbush, le guitar-slinger de SRC, l’un des fleurons du Detroit Sound. Voilà ce qu’Aaron Milenski dit des albums de SRC : «The two first SRC albums are among the most enduring semi-obscurities from the pscych era, and in complete different ways. The debut has the most ear-piercing fuzz guitar ever (through fuzz is the wrong word - screech might be better), miles more brain-frying than tinnitus-causing than, say, Sympathy For The Devil.» En gros, Milenski explique que la guitare de Quackenbush fait bien plus de dégâts dans les oreilles que Sympathy For The Devil et que le son tient plus du hurlement que de la fuzz.

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Précision important, SRC (the Scott Richardson Case) est le groupe de Scott Richardson, l’un des pionniers du Detroit Sound, puisqu’il fit partie des Chosen Few, le premier groupe de Ron Asheton. Il fut même question à l’époque de monter un groupe avec Iggy on drums, Ron on bass et Scott au chant. Alors effectivement, on entend de la belle hurlette de fuzz sur le premier album de SRC qui s’appelle SRC. «Onesimpletask» ravira tous les amateurs de fuzz. Quackenbush y passe un solo pour le moins carnassier et développe une réelle violence de fuzz. Mais pour le reste, on repassera. Ces mecs visent un son très anglais, assez prétentieux. «Black Sheep» et «Daystar» frôlent un peu le ridicule. Leur anglophilie les perd. Étrange idée que d’aller faire de la pop anglaise dans le Michigan. Dommage, car les poussées de fièvre de Quack sont bonnes. «Exile» frappe par son côté pathétique. British mais sans les moyens des British. Cette pâle émancipation se fourvoie. Les mecs du MC5 devaient s’écrouler de rire en entendant ça. Scott Richardson finit même par chanter faux dans «Marionette». Ils se prennent pour les Hollies dans «Paragon Council» et génèrent de l’ennui avec «Refugee».

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Par contre, Milestones qui paraît l’année suivante est une petite merveille. Ils attaquent avec «No Secret Destination», un big bush de Motor Ciry et ce diable de Quackenbush s’y tape la part du lion dans un délire de fuzz saturée. Ah quel beau guitar slinger ! Il joue dans la ferveur frénétique et repart en maraude comme un requin absolutiste. Il ne joue pas beaucoup de notes, mais il les tire toutes par les cheveux, alors elles hurlent. S’ensuivent deux cuts extrêmement intéressants, «Show Me» et «Eye Of The Storm». On sent qu’ils écoutent Procol car ils ramènent les pompes du Grand Hôtel dans «Show Me», mais avec Eye, ils vont droit sur Bo, même si ensuite ils passent à la prog noyée d’orgue. Dommage que Quack soit muselé. C’est une honte que de museler un guitar slinger aussi brillant. Il fait quand même son apparition et donne un aspect très nourrissant à l’album. C’est bardé de son et ils finissent par emporter la partie. Avec «In The Hall Of The Mountain King/Bolero», ils frisent le Hall Of The Montain Grill et se tapent un délire de type Love Sculpture. Ils savent se donner les moyens du power. «Checkmate» sonne comme un violent shuffle du Michigan. Tout est violent ici, surtout le bassmatic et les nappes d’orgue. Alors si Quack s’y met, c’est foutu. Au début, on ne se méfie pas. Ils amènent leur cut au riff intermittent bien brouté par le bassmatic et soudain, ça grimpe à l’unisson du saucisson avec des harmonies vocales dignes de celles de Hollies ! Pire encore : le bassmatic emblématique transfigure complètement le shuffle d’orgue. Quack choisit bien son moment pour entrer dans la danse du sabre de roundabout. Ces mecs réussiraient à passionner la passionaria. Tout aussi bien foutu, voici «Our Little Secret», même si ça sonne comme la prog de Canterbury. Quack sort enfin du bois avec «Turn Into Love». Il est à la fois puissant et succulent. Avec des cuts aussi bons, SRC aurait dû exploser. Et ça continue avec «Up All Night», big blast du Michigan britannique. Ils basculent dans le freakout et filent à fantastique allure. Les voilà grimpés au sommet de tous les arts, l’anglais et l’américain, avec un Quack en franc-tireur et une section rythmique démentoïde. Ces mecs sont les rois de l’alerte et du rebondissement cataplasmique. Quack, c’est Poséidon, il envoie des paquets de mer. Il faut le voir jouer !

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Par contre, il ne joue pas sur le troisième album de SRC, Traveler’s Tale. Il est viré et remplacé par Ray Goodman. Mais on peut quand même écouter Traveler’s Tale, ne serait-ce que par sympathie pour Scott Richardson. Ils démarrent avec « A New Crusader», un vieux brouet d’inutilité publique. Scott Richardson tente de sauver le bout de gras de «Street Without A Name» en chantant comme un cake, mais leur délire de prog anglaise a du mal à s’implanter. Scott Richardson aimerait bien rocker le Michigan avec «By Way Of You», mais il préfère le psyché, avec un Ray Goodman qui fait son Quack dans la coulisse. Puis ils passent au funk avec «Diana». Ils reviennent à leur chère prog avec «The Offering», une belle daube violonnée à la suce du Michigan. C’est très spécial. SRC ne prend pas les gens pour des cons, ils font ça bien, ils tirent leur cut au cordeau de la prog, on se croirait chez Queen, c’est atrocement spécial. Scott Richardson se prend pour un Iggy anglais et bat ses œufs en neige du Kilimandjaro.

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En l’an 2000, RPM s’est fendu d’une petite compile, Black Sheep. L’occasion est trop belle de réécouter ces incompris du Michigan. Dans son très beau texte de présentation, Phil Smee rappelle que Detroit est le hot bed du hard rock and Soul, d’un côté les Temptations et de l’autre Mitch Ryder, les Rationals et Bob Seger & the Last Heard. Quand Scott Richardson et les deux frères Quackenbush montent SRC, il enregistrent un premier single sur le label A de Jeeps Holland, une version d’«I’m So Glad» de Skip James. Mais à la différence du MC5 qui choisit de blaster son son, SRC choisit l’autre direction, celle plus anglaise d’un son travaillé. Smee résume le son de SRC ainsi : «Anglicised vocals and searing bursts of Gary Quackenbush magic.» (chant à l’anglaise et coups de grisou de Quackenbush). Smee rappelle aussi que Quackenbush ne joue pas beaucoup de notes, mais qu’il les soutient with some magnificent feedback. Malgré leurs trois albums et un son bien distinctif, SRC ne connaîtra pas le breakthrough qu’ont connu les siblings de Detroit, MC5, Stooges et Mitch Ryder. Le morceau titre de la compile enfonce bien le clou réputatif de Gary Quackenbush : il sort un son strident et poignant. C’est un féroce tirailleur, mais pas sénégalais. Il tire ses notes à la distorse, il joue comme un percolateur, une note à la fois, bien chauffée à blanc. Avec «Interval», un joli vent de fuzz souffle sur la montagne. Quackenbush adore rôder dans le vent. On croirait entendre les Byrds avec le son d’Eden Children. S’ensuit un «Checkmate» assez puissant et bien monté en grade. SRC sort un son atypique bien dégrossi et poliment ambitieux. Ils jouent la carte d’une pop chamarrée, ultra-jouée et bien bombée du capot. S’il faut garder un cut en mémoire, ça pourrait bien être «Daystar», poppy avec des variations de prog traversées d’éclairs. On croirait entendre les Who ! C’est un compliment. On peut dire globalement qu’ils jouent une pop entreprenante avec une énergie qui pourrait éventuellement rappeler celle du MC5. Ils n’hésitent pas à noyer leur pauvre «Paragon Council» d’orgue. On se croirait cette fois chez Syd Barrett. Très spécial. On entend en plus le joueur de fifre d’Édouard Manet. Scott Richardson fait des merveilles dans «Turn Into Love», une espèce de heavy slow fantasmatique. Par contre, il se prend pour Roger Daltrey avec «Our Little Secret». Ils font pas mal de pop ambivalente, parfois même inepte. Ils cherchent trop à sonner comme des Anglais et ça ne marche pas. Ils reviennent à de meilleurs sentiments avec «No Secret Destination», battu sec à la loco, avec du heavy brash along the way. Voilà les gars du Michigan, avec un vrai moment de folie. Gary Quackenbush repart en maraude, et quand il part en maraude, c’est une vraie maraude. Puis il allume «Up All Night» au guitar power. Quack casse la baraque. Il taille son shit en pièces. Il devient le temps d’un cut le roi du sludge.

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Et puis voilà Dick Wagner, l’un des piliers du Detroit Sound. Aaron Milenski qualifie le premier Frost album de missing link between garage rock and 70s hard rock. Milenski dit aussi que le style de Wagner was ahead of his time. Il parle de hard-edged 70s-style hard rock guitar playing et le solo qu’on entend dans «Stand In The Shadows» is one for the ages. Frost Music paraît en 1969. Dick Wagner y révèle un vrai talent de faussaire : il fait du faux British rock, du fake English, comme on dit de nos jours, avec notamment «Mystery Man», où il fait sonner les Frost comme les Beatles avec un beau swagger de Liverpool et des attaques frontales dignes de Sgt. Pepper. C’est superbe, d’autant plus superbe qu’ils le chargent de son jusqu’au délire. «Mystery Man» est le hit de l’album. «Jennie Lee» sonne aussi très anglais. Dick Wagner joue en mode vif argent, il court dans le son comme le furet. Par contre, ils se prennent pour les Byrds avec un «Take My Hand» qui rappelle «Eight Miles High». Dick Wagner ne se dégonfle pas, il nourrit ses ambitions. Pire encore : il les gave comme des oies. Comme si de rien n’était, les Frosters redeviennent américains en B avec «Baby Once You Got It», ils sonneraient presque comme Moby Grape, surtout dans la façon dont Dick Wagner tortille ses tortillettes. On croirait entendre Jerry Miller. Puis il va se taper la part du lion dans «Stand In The Shadows». Il y joue l’un des solos les plus captivants et les plus dévorants de cette époque pourtant bien fournie en la matière. Dans la plupart des cuts, Dick Wagner grouille de notes et s’arrange toujours pour sortir un son intéressant, assez psychédélique, comme le montre «First Day Of May». Les Frosters bouclent leur bouclard avec un «Who Are You» plus pop, quasi-élégiaque, ils font dirons-nous du who are you à l’Anglaise émancipée et basculent sans raison particulière dans un groove digne des Byrds. On peut affirmer sans rougir que cet album très joué, très enjoué et très chanté vaut le détour.

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La même année paraît le simili live Rock And Roll Music. L’album est censé singer l’album live du MC5 enregistré au Grande Ballroom, avec le même genre de photo-montage sur la pochette. «Rock And Roll Music» chauffe bien, mais ce n’est quand même pas aussi incendiaire que le MC5. Ils vont ensuite s’employer à briser les reins de leur album avec des cuts qui n’ont plus rien à voir avec le Grande Ballroom, comme ce «Sweet Lady Love» très californien. On croit entendre Moby Grape, du coup les Frosters perdent tout leur crédit detroitique. Ils font aussi un sous-Blackbird avec «Linda» et retournent en Californie avec «Black Train». Back to the Grande avec «Help Me». Ce démon de Dick Wagner secoue bien les cloches de ses gammes. En B, on trouve un peu de viande, à commencer par cet exercice de heavy blues typique de l’époque, «Denny’s Blues», avec deux solistes qui rivalisent de dégoulinures. La voix du chanteur rappelle celle de Robert Plant. Puis ils rendent un bel hommage aux Animals avec une cover de «We Got To Get Out Of This Place». Dick Wagner trame bien sa trame, il joue les virtuoses et multiplie les triangulations oblongues à travers l’espace et le temps, mais un solo de batterie vient tout réduire à néant.

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Avec Through The Eyes Of Love, leur troisième album paru en 1971, ils affichent clairement leur anglophilie. «Black As Night» sonne très british. On croirait entendre les Beatles, avec ce côté bien vibré du chant et les dérapages contrôlés. Ils sont aussi anglophiles que SRC. Ils tentent même le coup d’un final à la Hey Jude. Le morceau titre sonne comme un brouet prog et brise les reins d’un album déjà pas très solide. Ils repartent en B avec «Maybe Tomorrow», une pop volumineuse gonflée au carbone US et se vautrent aussitôt après avec cet «It’s So Hard» aussi inepte que mal chanté par le bassiste Gordy Garris. Ils terminent cet album lamentable avec «Big Time Spender», un heavy blues guttural sauveur d’album. Dommage qu’ils n’aient par tout misé sur ce son, d’autant que Dick Wagner y passe un beau solo exacerbé.

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Il n’est pas étonnant qu’avec sa technicité exacerbée, Dick Wagner ait ensuite mené une carrière à la mode américaine, c’est en tous les cas ce qu’il nous raconte dans son autobio, Not Only Women Bleed, clin d’œil à un hit d’Alice Cooper. Il propose une série de petits textes indépendants qui ont le mérite d’être faciles à lire et le défaut de rester en surface. Les vignettes font souvent bon ménage avec le manque de souffle. Après avoir failli décrocher la timbale avec Frost et Ursa Major, Dick Wagner est allé s’accoupler avec Steve Hunter pour accompagner Lou Reed pendant la période Rock’n’Roll Animal, puis Alice Cooper. Wagner ne consacre pas beaucoup de place à la scène de Detroit. On trouvera juste une vignette intitulée ‘The Grande Ballroom’, dans laquelle il énumère les groupes de ce qu’il appelle Detroit’s finest : the MC5, the Frost, Ted Nugent, Iggy & the Stooges, the Jagged Edge, Bob Seger, Mitch Ryder, SRC, the Amboy Dukes, the Rationals, Third Power, the Pleasure Seekers (featuring the Quatro sisters), Savage Grace, the Wilson Power Pursuit et d’autres Michigan bands. Pas un mot sur Motown.

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D’un autre côté, on peut se demander pourquoi Frost n’a pas marché. Oh la réponse est simple : Dick Wagner est un queutard. Il s’en vante à longueur de vignettes. Comme tous les queutards dignes de ce nom, il s’amuse à baiser les femmes des autres membres du groupe - Bastard? Me? Maybe. But never forget, it takes two to tango - Il utilise le même argument que Lemmy qui lui aussi baisait les femmes des mecs d’Hawkwind. Il ne les forçait pas. Wagner rappelle surtout que Frost était énorme dans le Michigan entre 1967 et 1970. Il rend un bel hommage à son collègue Donny Hartman, le moustachu qu’on voit sur la pochette de Rock’n’Roll Music. Mais il ne rentre pas trop dans les détails. Il consacre plus de place à son groupe précédent, the Bossmen et au légendaire rockab Mack Vickery, qu’il accompagnait encore avant les Bossmen. Il évoque surtout le guitariste de Mack Vickery, Wild Bill Emerson, un mec originaire d’Alabama qui tirait ses cordes longtemps avant Jim Hendrix. C’est en tournant dans les clubs avec Vickery que Wagner s’initia à ce qu’il appelle the casual sex and booze and reckless behavior. Ses vignettes sont bourrées de sex & drugs. Il a aussi la chance à ses débuts d’accompagner sur scène Jerry Lee qui est en tournée dans le Michigan. C’est là qu’il apprend sa première grande leçon : comment vend-on un show au public ? Jouer correctement de son instrument ne suffit pas : il faut aussi savoir embarquer le public. Merci Jerr. Puis après Frost, il monte Usa Major avec Greg Arama, le bassiste des Amboy Dukes - a blessing and a major headache - et Rick Mangone qu’il considère comme l’un des meilleurs batteurs d’alors. Dennis Katz de RCA les signe, ils font un album et jouent en première partie de Beck Bogart & Appice puis d’Alice Cooper. Mais Wagner et Arama ne s’entendent pas. Wagner le vire. Dans une autre vignette, Wagner raconte qu’il passe une audition pour Danny Sugerman qui veut monter un super-groupe avec Iggy et Ray Manzarek. Wagner connaît un peu Iggy, mais sans plus. Ils démarrent l’audition sur une nouvelle compo d’Iggy, mais on ne sait pas laquelle. Par contre, Iggy enlève son pantalon et tripote sa queue pendant qu’il chante. Ça ne plaît pas à Wagner. Il dit à Sugerman que le job de n’intéresse pas. Il préfère retourner accompagner Alice Cooper. Chacun ses choix, pas vrai ? Après, il ne faut pas s’étonner des résultats.

Signé : Cazengler, Flashberk

Martin Pugh :

Armageddon. ST. A&M Records 1975

Steamhammer. Steamhammer. CBS 1969

Steamhammer. MK II. CBS 1969

Steamhammer. Mountains. B & C Records 1970

Steamhammer. Speech. Brain 1970

Dick Wagner :

The Frost. Rock And Roll Music. Vanguard 1969

The Frost. Frost Music. Vanguard 1969

The Frost. Through The Eyes Of Love. Vanguard 1971

Dick Wagner. Not Only Women Bleed. Desert Dreams 2012

Gary Quackenbush :

SRC. SRC. Capitol Records 1968

SRC. Milestones. Capitol Records 1969

SRC. Traveler’s Tale. Capitol Records 1970

SRC. Black Sheep. RPM Records 2000

Flashback. Issue 1 - Spring 2012

 

Canigo ronron

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Ce fut un soir de janvier dernier que nous vîmes apparaître pour la première fois cette mystérieuse pochette d’album. Nous nous trouvions au Taquin, un club toulousain d’excellente réputation et nous surprîmes un étrange manège : dans un recoin noyé d’ombre, L. remit discrètement à G. un grand sac en plastique. G. en fit sortir cet album mystérieux pour l’observer. Son visage parut s’éclairer. À cette distance, nous ne pouvions lire le titre écrit en tête de format, mais le visuel coloré agaçait férocement la curiosité. Il s’agissait visiblement d’un objet sacré. L’envie de poser la question nous brûlait les lèvres, mais en même temps, la qualité de notre relation n’eut pu souffrir la moindre question indiscrète. Et puis le concert allait commencer. Nous revint alors cette phrase de Cocteau : puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur.

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Le mystérieux objet allait réapparaître quelques semaines plus tard de façon totalement inopinée. Il s’agissait du genre d’événement qu’on appelle dans l’underground un moment historique : le dernier radio show de G. sur Canal Sud, une émission de 4 h 30 ininterrompue. G. y raconta son histoire musicale, celle d’une vie de fan bien remplie et nous régala d’un choix de titres triés sur le volet. Une sorte de testament électrique. Une véritable leçon de goût. Une ode à l’énergie et sans doute l’un des plus vaillants hommages jamais rendus à cette culture qu’on nomme communément le garage. Vers la fin du show, il fit mention de groupes obscurs originaires de Perpignan et en enchaîna quatre d’entre-eux, les Gardiens du Canigou, les Beach Bitches, les Vox Men et the Feedback. L’énergie que déployaient ces groupes obscurs créa la surprise et mit les sens en alerte. Quel était donc ce subterfuge ? Par la seule qualité de leur son et une fraîcheur de ton qui ne trompait pas, ils raflaient tout simplement la mise. Quelques artistes vinrent ensuite chanter en direct des classiques dans les micros, et après trois morceaux de Destination Lonely, G. termina son ultime tournée des grands ducs avec les Gardiens du Canigou.

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Confronté à ce qu’il fallait bien appeler une révélation, nous menâmes l’enquête dès le lendemain. À la suite d’une petite série de clics habiles, la réponse apparut sur l’écran. «Vive la technologie !», s’exclama-t-on en voyant apparaître le visuel mystérieux aperçu au Taquin. C’était donc ça ! Nul doute que Rouletabille eut adoré ce type de dénouement ! Les Gardiens du Canigou, les Beach Bitches, les Vox Men et The Feedback sortaient tous de Back From The Canigo, un double album compilatoire qu’on pouvait aussi commander par voie électronique. La technologie eut-elle disposé d’une main, l’aurait-elle tendue qu’on l’eût serrée, comme on serre la main d’un brave homme avec effusion.

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Vous comprendrez facilement que le jour où le Canigo arriva fut jour de fête. Nous levâmes notre verre à la mémoire d G. et le «Sweet Crying Baby» des Gardiens du Canigou se mit à résonner dans le salon. Nous n’avions pas rêvé, les Perpignanais proposaient un garage d’orgue hautement énergétique digne des 13th Floor Elevators. D’une certaine façon, le mystère restait entier : d’où sortaient ces gens-là ? Pour le savoir, il suffisait d’ouvrir le gatefold : un collaborateur de Dig It! y racontait dans le détail l’histoire de tous ces groupes. Deux noms se détachaient rapidement, celui de Lionel, futur Limiñana, et celui de Giom, cet excellent chanteur qui allait passer d’un groupe à l’autre en cultivant l’excellence, comme d’autres cultivent les betteraves. Une photo du Lionel jeune le montrait le visage penché sur une guitare Vox Phantom. Giom animait ensuite le joli ramdam de «Cooking Time With The Devil» d’une voix innocente. Les trois morceaux des Gardiens du Canigou n’en finissaient plus de confirmer le ressenti de la première écoute : petite garage certes, mais belle prestance et mise en place irréprochable. Les gardiens du Canigou allaient ensuite se transformer en Beach Bitches et continuer de défrayer la chronique avec des «Crank» et des «Tansylvanian Train» hautement énergétiques. Il existait aussi un groupe joliment baptisé Ugly Things, dont le chanteur avait une voix nettement moins intéressante que celle de Giom. On retrouvait les vestiges des Gardiens du Canigou et des Beach Bitches dans the Feedback. Avec «She’s So Fine», ils rendaient un bel hommage aux Stooges en copiant les accords de «1969». Et leur «Teenage Caveman» valait n’importe quelle charge de cavalerie des Gories. On assistait plus loin au retour des Elevators dans le «Midnight Trouble» des Vox Men, emmenés par Lionel Limiñana, un morceau largement arrosé de fuzz et doté de tous les atours de la démesure. On retrouvait l’inaltérable Giom dans les excellents Toxic Farmers et il profitait de «(You’re The One I) Love» pour se livrer en virtuose à un numéro de screamer fou. De fil en aiguille, Giom se détachait du lot. Il s’imposait comme le prince de l’underground perpignanais. Et puis comme dans tous les labyrinthes mythologiques, on finissait par se perdre. Les gens passaient d’une formation à l’autre. Il aurait bien sûr fallu pouvoir vivre pleinement cette histoire pour en goûter le sel. On s’égarait dans les méandres historiques des formations, on pataugeait dans les copains des copains, mais certains morceaux nous ramenaient à la réalité d’une belle véracité, comme ce «16th Mouth» de The Lightning Circus Band & the Boom Boom Beat qui sonnait comme le meilleur cru des Cheater Slicks. On croisait aussi avec ravissement le nom d’un groupe qui s’appelait The Human Potatoes, il fallait tout de même savoir se rire du rock pour oser un tel nom. La quatrième face proposait quelques curiosités enregistrées en public dont une version de «Gloria» par les Ugly Things. Elle avait ceci de curieux que l’Ugly Thing la chantait en français, d’une voix ingrate mais avec une délicieuse lèpre dans le ton, soutenu par un guitariste affreusement doué, et l’ensemble donnait l’une des versions les plus intéressantes de ce vieux classique tellement repris qu’on pourrait le dire éculé par un régiment de hussards. On trouvait aussi sur cette face exotique un superbe hommage à Dutronc : les Buissons restituaient avec verdeur tout le panache exubérant du «Responsable». Il s’agissait de la énième merveille du monde, car chantée à la manière sauvage des années soixante, cette époque reculée où l’on voyait encore dans les rues des voyous chevelus cracher sur les représentants de l’ordre en criant «Mort aux vaches !».

Signé : Cazengler, Caniglouglou

Back From The Canigo - Perpignan 1989-1999. Staubgold 2019

 

Cavan du nord

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Vient de paraître un numéro spécial de Rockabilly Generation consacré à Crazy Cavan. Pour les fans de Cavan, c’est un must. Dépêchez-vous, c’est une édition en tirage limité. Pourquoi un must ? Parce que bien foutu, richement illustré et bien raconté dans le détail par Tony Marlow et Jacky Chalard, le Big Beat boss. Dans une livraison récente de KRTNT, Damie Chad a dit tout le bien qu’il fallait penser de cette mighty édition spéciale, alors on ne va pas en rajouter une couche. Par contre, c’est l’occasion rêvée de ressortir de l’étagère les deux volumes de la Big Beat Story parus en DVD et décorés par Margerin. C’est d’autant plus approprié qu’ils font partie des goodies conseillés par Rockabilly Generation en quatre de couve.

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On y retrouve Cavan sur les deux volumes, Cavan jeune dans le volume 1 et Cavan vieux dans le volume 2. On les voit au sommet de leur rumble avec «Rockabilly Rules OK» et c’est Lyndon Needs qui concentre toute l’énergie du groupe dans ses guiboles. Ils reviennent en fin de volume 1 avec «Bonie Maroney» et là, ce démon de Lyndon Needs se roule carrément par terre. Dans le volume 2, le Cavan vieux revient avec deux cuts, «She’s The One To Blame» et ils finissent en beauté avec «Teddy Boy Rock And Roll». C’est l’occasion de revoir une dernière fois Lyndon Needs twister sur ses jambes en caoutchouc. Fabuleux personnage.

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Le problème, si on peut appeler ça un problème, c’est que ces deux volumes grouillent de merveilles. C’est en remettant le nez dedans qu’on se rappelle à quel point des gens comme Victor Leed et Breathless étaient bons. Victor Leed était aussi beau qu’Elvis, il faut s’en souvenir et il bougeait devant la caméra exactement comme l’Elvis de 55, Victor the Pelvis, jambes écartées, violence contenue, il ramène toute la folie de l’early Elvis que le gens de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, car Montmartre en ce temps-là accrochait ses lilas jusque sous nos fenêtres. Victor the Pelvis est magnifique de véracité dans «But In Your Eyes». En le voyant, on se dit : «Bah finalement il ne suffit pas de grand chose pour retourner l’Amérique et créer un empire...», mais si justement, pour réussir un coup pareil, il faut s’appeler Elvis. Alors Elvis l’a fait et Victor le refait à l’identique, juste pour lui rendre hommage. Merci Big Beat d’avoir permis ça. Comme d’avoir permis Cavan et tous ceux dont on va parler. Mais surtout Victor Leed. On le retrouve dans les bonus du volume 1 pour relever un petit défi : taper «That’s Alright Mama» trois fois, mais à trois vitesses différentes, blues, rockab et rock’n’roll. Victor ne se dégonfle pas, il a la voix, il a la gueule et il a les jambes pour ça. Il est parfait.

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L’autre Big Beat monster, c’est Breathless, un gang gallois présenté par Schmoll. Ah quelle niaque ! Il faut voir ces mecs bouger on the beat d’un «Bad Bad Boys» joué au riffing incisif, au slap et au claqué de caisse claire. Voilà le rockab anglais dans toute sa splendeur, sauvage et maîtrisé à la fois, d’une grande pureté de style. Encore une fois, merci Big Beat. N’oubliez pas qu’on trouve les deux frères de Cavan dans Breathless. Du coup on ressort les deux albums de l’étagère.

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Au rayon monstres sacrés, on trouve aussi Robert Gordon. Un Gordon pacha jeune sur le volume 1 et vieux sur le volume 2. Évidemment, c’est sur le volume 1 qu’il casse la baraque avec «The Way I Walk» et «Red Hot», d’autant plus que Chris Spedding l’accompagne. Sped cloue le Way I Walk à la porte de l’église avec le plus killer des shoots de Flying V. C’est le duo de rêve, comme il en existe quelques uns dans l’histoire du rock. On peut citer comme exemples Elvis & Scotty, Bob Luman & James Burton, Johnny Kidd & Mick Green, ou encore Bowie & Ronson. Le «Red Hot» de Gordon pacha est l’un des fleurons du revival rockab, il le chante avec toute la niaque dont il est capable et ça va loin, car il dispose d’une vraie voix et chaque killer solo flash de Sped tape en plein dans le mille. Gordon pacha est avec Victor Leed l’un de ceux qui ont su le mieux célébrer Elvis. It’s Now Or Never est un album de reprises d’Elvis assez spectaculaire.

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Au rayon monstres sacrés on trouve aussi Jack Scott avec sa barbe et sa «Geraldine». Il a derrière lui un Tele-man qui claque des solos stylés et sauvages. Ce mec est un spectacle à lui tout seul, il joue comme seul peut jouer un grand guitariste américain, à coups d’éclairs de country fluide, du coup «Geraldine» dégouline de jus. Autre légende Big Beat, voilà Tex Rubinowitz et son big slap. Grande classe rien que par la présence. Pas loin de Carl Perkins et de Jack Scott, du genre bouffeur d’écran. Boots roses, mais solo Fender. Un son plus sec. Tex Rubinowitz reprend l’excellent «Bad Boy» de Marty Wilde.

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De la même manière que Victor Leed rend hommage à Elvis, Freddie Fingers Lee rend hommage à Jerry Lee. Assis au piano avec son chapeau, ses colts, et le pied posé sur le clavier, il débite à la perfection le phrasé d’intro d’«High School Confidential». Il sort son colt et tire dans la plafond. Quelle rigolade ! On le voit même pianoter à coups de crosse. Il finit par monter SUR le clavier et on le voit jouer entre ses deux jambes écartées. Il pousse le bouchon de Jerry Lee assez loin et parvient à garder toute sa crédibilité. Il a bien intégré les basics. Là-dessus il est irréprochable. Justement, pour que ça passe, il faut en rajouter. Il va même jusqu’à faire des descentes de clavier avec un balai à chiottes. Il reproduit à la perfection le ha ha ha ha qui annonce la fin de «Whole Lotta Shakin’ Goin’ On», juste avant l’explosion finale, mais il n’a pas le coffre de Jerry Lee et son explosion finale retombe hélas un peu à plat. Pauvre Freddie. On est vraiment désolé pour lui.

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L’autre légende vivante, à l’époque, c’est Sonny Fisher. Quand il arrive sur scène dans les années 80, il a tout du monstre sacré. Chemise en soie blanche et gratté d’acou de vieux seigneur du circuit rockab texan. Il y a plus de rockab en Sonny Fisher qu’il n’y en a jamais eu dans Cash. Sa puissance dépasse l’entendement. Alors évidemment, en comparaison, Shakin’ Stevens ne passe pas très bien. Il déploie pourtant une grande carrure de blazer blanc, il sait bouger sur place, il s’offre tous les luxes, piano et pedal steel, mais ça reste du rock’n’roll de basse électrique.

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Contrairement à ce qu’indique le nom du groupe, le Memphis Rockabilly Band vient de Boston. Il apparaît lui aussi sur les deux volumes et la qualité de leur son brouille un peu les pistes. Le chanteur Jeff Spencer est excellent, il swingue son chant d’une voix gourmande et floppe la jambe en rythme. Ça boppe au slap et le soliste joue sur Fender. C’est un jeu extrêmement pur. Il va d’ailleurs descendre soloter parmi les cats qui dansent. L’autre prestation impressionnante est celle des Leroi Brothers, sur le volume 2. Ils font une version de «Train Kept A Rollin’» très groovy, avec une extraordinaire sobriété de jeu, notamment chez le batteur.

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Et les Français dans tout ça ? Ils sont nombreux et jouent dans des styles variés. Côté rockab, on a les Hellcats qui font un joli rumble de «Pipeline» à trois, et les Teenkats de Thierry Le Coz qui tapent un «Bye Bye Blues» classique et bien foutu. C’est toujours un plaisir que de voir un slappeur à l’affût sur son manche. N’oublions jamais que le rockab est un art difficile et que les élus sont rares. Le Coz réussit l’exploit de rassembler une belle équipe, batteur brillamment sobre, rythmique d’acou et slappeur appliqué.

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À côté de ça, la majorité des artistes Big Beat sont ancrés dans le rock’n’roll sixties chanté en français, à commencer par l’excellent Noël Deschamps (qui nous rappelle qu’il fut 20 ans avant cette émission des années 80 numéro 17 au hit-parade de Salut Les Copains), puis Jesse Caron, Little Tony, les Soquettes Blanches et les Alligators, avec en prime un joli clone de Brian Setzer, Viktor Huganet : il a tout bon, la coiffure, la Gretsch White Falcon, la facilité à jouer et même le tatouage Stray Cats sur le biceps. Sans oublier les Rollin’ Dominos qu’on a vus au Méridien accompagner Vigon. Dans les bonus du volume 2, on voit Linda Gail ridiculiser Gene Summers, comme le fit son frère avec les invités de The Last Man Standing. Chez les Lewis, le pas-de-voix, ça ne pardonne pas.

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Il est temps de passer au plat de résistance. Il s’appelle Vince Taylor et encore une fois, merci Big Beat pour ces quatre apparitions célestes. Vous commencerez par le voir chanter «Money Honey» sur le volume 1, et ce n’est pas un chanteur que vous allez voir, mais l’incarnation humaine de la classe, blazer blanc et secoué d’épaule, traits d’acteur et yeux mi-clos. Cette façon qu’il a de dodeliner au sommet d’une carrure d’épaules, aw my God, cette voix d’arrière pensée, honey honey, gueule d’ange à la Jack Palence et sourire carnassier. Vince Taylor apparaît une deuxième fois avec «Brand New Cadillac». Personne ne peut attaquer Cadillac au chant comme le fait Vince Taylor. Personne. Ce genre de phénomène ne se produit qu’une seule fois dans l’histoire du rock. Il est très maquillé. Il mâche un chewing-gum. Il bouge lentement. Il y a du snake en lui. Et même quelque chose d’extra-terrestre. Rien n’est plus bouleversant que de revoir ce clip. Il chante avec tout le recul d’une superstar. Il danse une sorte de bossa nova du diable. David Bowie le prit pour modèle, mais jamais il n’a pu égaler cette beauté surnaturelle. Dans les bonus du volume 1, vous allez voir un drôle de doc : un bœuf filmé dans un dépôt-vente de l’île de la Jatte, avec Vince Taylor et Sonny Fisher en guest stars. Hallucinant ! Vince est en cuir noir. Il a l’air d’être en roue libre. That’s alright mama. Il est même un peu hilare. Dents abîmées, très maquillé et soudain, un sombre crétin vient faire des commentaires moqueurs sur le bœuf, du coup, on ne voit plus rien. L’horreur. Bon bref. On retrouve Vince Taylor dans les bonus du volume 2. La caméra le filme en gros plan et on voit nettement sa cicatrice sur la joue gauche. Il chante «Danny». Il est de toute évidence la seule superstar qu’on ait jamais eue en France. C’est lui qui incarne plus qu’aucun autre de ce côté-ci de l’Atlantique la mythologie du rock américain, telle qu’elle fut conçue par Uncle Sam dans son petit bouclard de Memphis. Vince Taylor fut la rockstar ultime, le point de départ et le point d’arrivée en même temps. Ou si vous préférer, le tenant et l’aboutissant.

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Signé : Cazengler, Small Beat

Big Beat Story Vol. 1. DVD 2011

Big Beat Story Vol. 2. DVD 2011

Rockabilly Generation. Special Crazy Cavan. September 2020

 

THE REAL rOCKIN' Move project ( 2 )

VINCE ROGERS

( LONG BOX AUTOPROD / Septembre 2020 )

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Qui a mis un porte-avions dans ma boîte à lettres ! N'accusons point le facteur, il n'accomplit que son boulot, je vous livre tout de suite le nom du responsable, Vince Rogers. Une personne dangereuse, un activiste, qui sévit depuis au minimum un demi-siècle sur la côte d'Azur. L'avait déjà fait déposer un hydravion par le même proposé, qui ne s'étonne plus de rien, voici plus de deux ans, une monstruosité intitulée The Real Rockin' Move Project dont nous avions rendu compte dans notre livraison 367 du 29 mars 2018, et le voici qui récidive avec The Real Rockin Move Project 2, généralement ces genres d'individus ont de la suite dans les idées, les psychiatres les classent parmi les monomaniaques, comme par un fait exprès nous n'avons pas de chance, nous sommes confrontés à un  polymaniaque aggravé. L'est comme les missiles à charges multiples, toute la culture populaire l'intéresse, le rock'n'roll, les disques, les revues, le cinéma, les films, les affiches, les motos, les voitures, les pin up, les romans policiers... imaginez le pire et vous serez exaucés, de surcroit, il chante, il écrit, il publie, il réalise, il pousse le vice ( Rogers ) jusqu'à tenir un stand de brocante. Bref cette long-box ressemble beaucoup à un coffre de pirates regorgeant de pierreries, les éclats rouges ne sont pas uniquement des rubis ou des kunzites purpurales, plutôt des taches de sang séché échappé du corps pantelant de victimes innocentes, bref je résumerai en trois mots que nous adorons, sex, death and wouac 'n' roll...

Nous sortirons un à un les divers joyaux et les examinerons avec ce soin d'entrockmologiste qui fait la joie des kr'tnt readers. Nous commencerons par les parures sur monture papier.

NEW ROCKIN' IN NICE

SPECIAL CONTROL Z

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Si je vous dis que New Rock In Nice est le bulletin de liaison ( dangereuse ) de l'association Cinéma 'n' Rock et que vous pensez à un magazine hyper-léché sur papier glacé, vous avez tort. Non c'est un fanzine ( adoptons pour le premier des trois adjectifs qui suivent un point de vue hautement moralisto-cucul-la-praline ) crasseux, libre, indépendant, et attiré par tout ce qui d'ordinaire révulse les honnêtes citoyens. Je suis l'alpha et l'oméga disait le Christ, chez NRIN ils sont carrément Z, au Top du double Z même, z'aiment les mauvais genres, karaté, western, bikers et tout ce qui roule de guingois, et j'en passe des pires, z'ont même une petite préférence pour les  budgets ridicules et les scénarios foireux, mais attention les héroïnes se doivent d'avoir des seins aussi gros que deux globes terrestres et être victimes de créatures dégradantes venues de l'espace. N'y a plus qu'à déguster la sélection proposée en vous léchant les babines ( ou autre chose ), attention à l'overdose, 148 pages, question maquette ça part dans tous les sens, danger torticolis, mais c'est au niveau neuronal que rien ne vous sera épargné. A lire dans tous les coins, en long, en large et en travers. Des images pleine-page d'affiches de film, reproduites en noir et blanc, ce qui procure l'avantage immédiat d'un aspect pur-gore garanti, des gros titres, des remarques adjacentes fléchées au stabilo, des coupures de presse, mais méfiez-vous des emballages, comme dirait Roland Tarte ( merci Céline, pas ma copine, l'autre qui détestait Jean-Paul Tartre ) il convient de se livrer à une analyse sémiotique du discours. Ça part de tous les mauvais côtés, un parti-pris revendiqué d'esthétisme dépravé, une préférence marquée pour la soupe aux navets au jus de blaireau faisandé qui traduit une vision peu collet monté ( ne pas confondre avec Colette montée ), des textes qui n'ont pas le cucul terreux, ici on aime les grands flots d'hémoglobine, les tueurs sans pitié, les nuits ( et les jours ) torrides, les aventures sans retour, les créatures surgies exprès pour vous faire crever de trouille de l'autre côté du monde, les justiciers de la dernière chance ratée, les invasions d'insectes géants répugnants, les comédies idiotes qui vous faisaient pisser sur le siège du cinéma déjà gluants de sperme de la séance précédente... mais il y a pire. C'est que l'ensemble est méchamment bien foutu, un aspect catalogue raisonné de l'Enfer de la cinématographie internationale. N'oubliez jamais que l'amour du kitch est un aspect essentiel du génie flaubertien, et ce numéro spécial de NRIN est à lire comme le dictionnaire des idées subversivement reluquées du cinéma populaire. Des commentaires définitifs à l'emporte-pièce saignants et mesurés ( un art, une ligne de crête, difficile ). Un exemple parmi mille deux cent quarante-deux : '' Diablement Z, scènes ''gore'', les hell's torturent avec joie, boivent sec, se défoncent rude, et sont anéantis rapides - wild'' J'adorons ces phrases qui sont comme l'épée étincelante de l'Archange du Seigneur, suffit de les sortir du fourreau pour que tout de suite la foule des mécréants se hâtent de se ranger de leur propre gré cauteleux à la gauche du Bien, alors que les élus bannières en tête se positionnent en entonnant des hymnes bacchiques à la droite du Mal. Est-ce vraiment un hasard si l'on évoque – le rock est partout - les Cramps, groupe ô combien pulpeux ?

New Rockin' In Nice a 17 ans d'existence et 53 numéros édités, ce Spécial Control Z a été concocté par un certain Sciarra Derry, il se murmure que cette identité serait, l'on ne prête qu'aux riches, celle de Vince Rogers... ce fanzine est une véritable Bible, à fourrer dans toutes les mains sales et perverses. Borderline. Si vous n'aimez pas, ce n'est pas grave. Comme tout un chacun, vous avez le droit de mourir.

BOOK

CONTROL Z... POUR SERIE B...

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Pas tout à fait ce à quoi l'on pourrait s'attendre. Il est vrai que nous ne suivons pas l'ordre du sommaire. Nous vous expliquerons pourquoi plus tard. Pas vraiment un livre, quelques pages reliées par une glissière, si vous croyez vous trouver en présence d'un additif-explicatif au New Rockin' In Nice présenté ci-dessus, vous vous apprêtez à emprunter une fausse piste, vite lu, car écrit en très grosses lettres, cela ressemble à un document destiné à vous mettre l'eau du goût de la mort dans la bouche, attention créature pulpeuse en couleur en dernière page, précédé d'un synopsis, qui vous plonge dans la mouise, vous avez reçu la même long-box que le dénommé Eddie qui lui plus courageux que nous branche illico presto la clef USB dans son ordi... page suivante l'on apprend qu'Eddie Crescendo est un détective privé disparu en 1997 alors qu'il menait une étrange enquête... Mais vous ne m'écoutez plus, vous ne songez plus qu'à la divine pulpe de la créature en couleur, machistes blancs ou LGBT +, cessez de caresser vos organes sexuels, la voici

SERIE DE 4 POSTER COULEURS

FORMAT A3

B.A LA REINE D'ANIDé

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Oui elle est belle, non ce ne sont pas des photos, mais des dessins vintage, au crayon gras je subodore, première repro : Anidé vous regarde, fermez les yeux vous ne résisterez pas à son regard de cobra fascinant, le prototype de l'espionne maléfique qui vous veut du mal, n'essayez pas de fuir, charme vénéneux, l'araignée maligne vous a déjà emprisonné-e dans sa toile... Deuxième repro : moi si méchante, l'innocence sinon outragée du moins surprise, d'autant plus colombe à l'âme poignardée par votre réaction que sa candeur est exprimée par un trait fuligineux. Troisième repro : portrait en petite poupée, mignonne comme tout, mais le démenti est au-dessous, vous ne pouvez vous détacher des candides rondeurs de ses seins, il est des bustiers criminels, il est des fruits que vous cueilleriez même verts. Quatrième repro : nous en apprenons davantage, jusqu'à maintenant elle n'était qu'une apparition détachée des contingences bassement humaines, la voici dans la grisaille du crayon, au travail, elle tient son micro d'une main, elle sourit de cet air aguicheur qu'affichent les visages des chanteuses qui reçoivent l'ovation du public qu'elles appâtent pour dominer. Vous avez eu l'ange, voici la bête. De scène.

ROMAN GRAPHIQUE

UNE AVENTURE DE EDDIE CRESCENDO

TEXTE : VINCE ROGERS

DESSINS : DANY BONUS

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L'on connaissait Dany Boy et ses Pénitents, faudra maintenant compter sur Dany Bonus et son Atelier Graphique. L'intrigue se précise, notre héros, lunettes noires et chapeau trop peu farfelu pour être honnête sur la tête, s'en va rendre visite au professeur Lepabon qui détient dans ses archives secrètes une photo d'un tournage effectué par Louis Feuillade en 1917 aux célébrissimes Studios de La Victorine situés à Nice, la baie des anges maudits comme ne le dit pas Dick Rivers dans sa chanson, nous assistons au début de l'entretien, nous n'en savons pas plus au bout de ses onze feuilles format A4, oui mais pour le moment nous n'avions d'yeux que pour admirer les planches colorées de Dany Bonus.

Dominante rose. Sur votre palette vous choisissez non pas le rose flamant déplumé mais le rose cadillac pink thunderbird. Inattendu pour un roman noir. Que l'on ne pressent pas à l'eau de rose. Pas de trait expressif. Pas de dureté de silhouettes découpées selon des poses attendues. Un lavis ouaté de pâles luminosités répartis en un embrouillaminis de teintes multicolores. Dany Bonus vous plonge dans le brouillard d'une affaire aux relents de vomi acétonique. Assez tonique même ! Se joue du deuxième degré. Pas de cadre, deux, trois, quatre images disséminées sur la feuille, rythmées par la narration des phylactères sans cadre à l'encre lactescente. Une ambiance glauque, rehaussée de vert salade cuite, de bleu livide, et de jaune soleil éteint. Une éblouissance d'aquarelle pisseuse. Vous aimeriez lire l'album en entier, mais non nous n'avons que dix planches. Selon Pythagore ce chiffre sacré suffisait à prémunir le monde du chaos. Le dernier rempart ! Nous en avons besoin, l'affaire traitée s'annonce kaotique ! Super cadeau bonus !

CHRONIQUES VULVEUSES

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Alors Damie, il arrive ce film ! Je vois bien que vous n'avez pas saisi l'entière personnalité de Vince Rogers. Un être détestable, un serial-killer patenté, pas un boucher sympathique qui vous tranche proprement la carotide et vous laisse sur le carreau en moins de deux, non un artiste cruel qui se complaît à vous faire languir durant des heures, savoure de vous voir agoniser d'impatience à petits feux, vous désirez visionner le film, bien sûr tout de suite, lisez d'abord les quatorze épisodes des Chroniques Vulveuses de l'agent du Service Secret du Rock'n'roll, Damie Chad, précédemment parues dans votre blogue rock préféré en la douce année 2013... vous comprenez maintenant pourquoi la nouvelle série Rockambolesques : L' affaire du Conorado-virus dont vous pouvez lire le deuxième épisode sur cette même livraison, est dédiée à Vince Rogers. Je laisse le lecteur seul juge de ce livret A4, reproduit avec le fond de teint original. Je me permets toutefois de rappeler que la trame de l'histoire racontée est directement inspirée de la réalité ariégeoise la plus profonde, que toute ressemblance avec des évènements réels ne saurait être indépendante de la volonté de l'agent Chad. et que le dénommé Claudius a finalement écopé de deux mois de prison... Si vous voulez en savoir plus, Vince Rogers qui n'est pas si méchant que cela vous lance une perche dès la couverture en vous glissant une photo de l'Affabuloscope qui existe vraiment...

Vous avez été patients, c'est bien, pour la paix je vous offre un petit bonux avant la séance cinéma qui n'est pas dans la long-box, un inédit de Vince Rogers, un CD / DVD, musique, image et rock'n'roll, une véritable avant-première, parution prévue pour 2022...

 

VINCE ROGERS

AND THE

REAL ROCKIN' MOV'

 

THE ROCKABILLY SYNDROME / ZONE 2

 

THE HAPPY DAYS...

THE POST-APOCALYPSE DAYS

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Flip Flop & Fly : vous l'avez entendu par tout le monde, à commencer par la version trop jazzy de Big Joe Turner, son créateur, mais jamais comme par Vince Rogers, faites un bond en arrière, mettez-vous plutôt les murmures diaboliques de Charley Patton dans l'oreille et vous entendrez la chose inouïe sortie des marais et qui rampe, deep south, bruits de bidons pour la batterie, une voix éteinte qui vient de souffler la bougie de l'être, mélopée en chemin de cendres. Big Fat Bab' : rockabilly tu tiens mon coeur ! Vince Rogers and the Losers, une guitare qui sonne la fin de la récré et maître Vince s'adjuge le vocal comme d'autres une toile du Titien aux enchères, l'accompagnement comme en boîte de sourdine et la voix de Vince d'une précision absolue, ne la force jamais, ne cherche pas à faire le cacoubilly, aucune esbroufe, touche à l'os du rockabilly ! Pas un gramme de graisse. Magnifique, et un original en plus ! Ciné-Western : qui oserait aujourd'hui un tel truc en France, si ce n'est Hervé Loison je ne vois personne, une guitare qui tangue et puis des voix qui chantonnent, déjà le thème, un hommage aux Stuntmen groupe de cascadeurs de cinéma, imaginez un chœur de vachers au fin-fond du Kentucky dont le chant vous arriverait selon les intermittences du vent. Jamais entendu une chose pareille, avec The Black Vampires et quelques rafales de cloches de vaches folles... le premier véritable titre de country-rock français original. Flip Flop Fly : nous avions vu la bête qui sortait des marais, le décor change, Perchman, où quelque part dans un champ de coton, une voix s'élève, solitaire, toute la souffrance nostalgique du monde. Nul besoin d'accompagnement. Splendide. Twist sur la Côte-d'Azur : petit clin d'œil à Dickie de la rivière, guitares claires et chœurs sixties, toute une jeunesse, et la voix de bébé Ghislaine BB, parfois la parodie confine à l'authenticité. JPEG : de la musique encore ? Pas de chance juste des images. Vous n'êtes pas assez sages, juste deux. La parade des monstres qui vous regardent. En noir et blanc et puis en couleurs. JPEG : de la musique encore ? Pas de chance juste des images. Vous n'êtes pas assez sages, juste deux. La parade des monstres qui vous regardent. En noir et blanc et puis en couleurs, bis repetita placent ! Monsters' March : le retour du même mais avec des images qui bougent et Vince Rogers au chant accompagné par les Black Vampires. Au chant pas tout à fait, aux borborygmes, en plein dans la gutturalité immonde, les mots qui ne veulent pas sortir, et que vous déglutissez en vous-mêmes mais qui parviennent à s'extraire de vos glaires comme s'ils s'évadaient d'un camp de concentration en se déchirant sur les barbelés, pendant ce temps défilent des images empruntés aux films d'épouvante, ces images très noires sur-titrées de larges rinceaux de blanc, pas de paroles, inutiles, la véritable horreur est muette, si vous avez encore la force de crier c'est que vous avez envie de vivre et non pas de rencontrer Frankenstein, ou L'Homme-Loup, ou Dracula... Human Hell : vous avez eu peur ? Très bien, l'on part pour un petit court-métrage cinématographique, vous voulez de l'horreur en voici, des images de la guerre de 14, carnage, portage de cadavres, dans le lointain les canonnades, des paroles de soldats, nous sommes dans un film ! si loin de la réalité, en prime par deux fois in extenso Brand New Cadillac de Vince Taylor, un des plus grands classiques du rock certes, mais que vient-il faire dans cette pétaudière, mettrait-il en parallèle la brutalité de la guerre et la violence du rock'n'roll, des hommes meurent et agonisent, beaucoup plus stupidement que dans les films d'horreurs... vingt-cinq minutes de cauchemars, en plein milieu du disque cela jette un froid, un peu comme on annonce le jour de la noce que les parents des mariés viennent de se faire écraser par un poids-lourd en revenant de la mairie, cela vous oblige à réfléchir sur l'inanité des furies humaines. Un peu de philosophie au milieu d'un disque de rockabilly, voici qui ne s'est jamais vu ! Vince Rogers ose tout. Rockabilly STO : ah le doux son du rockabilly, c'est entraînant, mais le service du travail obligatoire ça ressemble un peu trop à la chaîne de Perchman et voici que notre rockabilly tourne au bleu sombre. Même manière d'étouffer la voix mais avec des roucoulades mexicaines. Drame ou comédie humaine ? Le Sud : retour au country le vieux titre de Nino, repris à la calebasse, l'impression que Jeeter de La route au tabac d' Erskine Caldwell allume le moteur de sa Ford et qu'il va rouler ( malencontreusement ? ) sur la tête de la grand-mère, était-on aussi heureux que cela dans le Sud ? Ce pays qui ressemble à la Louisiane et à l'Italie... Swamp City Station : vous avez savouré le Sud ? On y fonce tout droit ! Mais dans le Sud Profond avec ce vieux rockab des familles d'avant Sun quand on se contentait faute de mieux d'imiter avec la voix et les bidons le roulement du train dans le lointain qui passait comme une promesse de rêve. Ou de cauchemar. That's All Right Mama : comment fait-il cet animal de Vince pour prendre ce phrasé de nègre, en plus il se permet de chanter en français, l'on est loin d'Elvis plus près d'Arthur Crudup mais enfin lorsqu'un pauvre a trouvé un job qui lui permettra de survivre jusqu'à la fin de la semaine, serait-ce que le monde ne tourne pas rond ? Rockabilly social. Two Hot Rods : du rockab de petits blancs qui prennent leurs pieds, le Real Roclin' Mov' turbine à mort, Vince rocke à vif, et l'on aime cela, toujours cette manière de bouffer les mots comme s'il avait un alligator affamé dans la gorge, si j'étais les petits blancs, je me méfierais quand même. Ces bestioles ça mord sauvage. Vespa girl : insouciance sixties pour la musique des Black Vampires écoutons les paroles, elles ne sont peut-être pas aussi gaies que l'on pourrait l'espérer, ne vivons-nous pas dans une société de merde, Vince Rogers a le rockabilly critique et vindicatif. C'est plutôt rare dans cette musique. C'est que quand on roule en Vespa on ne se pavane pas en Cadillac. Trailer pour le film de Vince Rogers : une production Golden Classic. Une étonnante aventure de Eddie Crescendo : on y arrive, le trailer, inattendu qui casse les lois du genre, pas grand-chose, une minute huit secondes, aucun effets spéciaux, une planche, une beautifull and classical musique, deux bouts de papier, une espèce de polaroid, la caméra qui se déplace, point à la ligne. Mais une ambiance, une tête masquée qui vous regarde, vous n'avez pas peur, déjà happé par l'énigme. Les images reviennent sans surprise, la tension va crescendo ! Superbe réussite. En Callan de Villanfranca : on avait Tony Marlow qui chantait en Corse, désormais on aura Vince Rogers en dialecte niçois. Ron Border est à la gratte, et c'est la première fois que vous entendrez un traditionnel country-rockabilly chanté en cette langue. Vince Rogers brouille les pistes.

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Vince Rogers nous livre un objet rockabilly non-identifié. Des sources du blues aux miasmes de l'estuaire boueux de notre aujourd'hui. Cet art-work a toutes les chances de devenir mythique. Les groupes de rockab auront intérêt à l'écouter, aussi bien ceux qui creusent vers les roots que ceux qui essaient de s'inscrire dans un post-psycho. Une mine d'or. Le gisement de nouvelles frontières. Un aérolithe venu de nulle part, que l'on n'attendait pas et qui est tombé par chez nous, soyons cocorico, loin du petit monde parisien. Le rockabilly entrevu en ce qu'il aurait dû toujours être, une musique populaire des bas-fonds, à l'abri du bon-goût et des brillances artificielles des clinquances parasitaires de la renommée et des modes. Une chose obscure, secrète, sauvage... A l'image du peuple, tapi dans l'ombre. Merci Vince Rogers.Abyssal.

 

CYBERBILLY

UNE AVENTURE DE

EDDIE CRESCENDO

Réalisé par VINCE ROGERS

( sur clef USB )

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Vous vous attendez à quoi, à un film normal et insipide peuplé d'acteurs talentueux et d'actrices belles comme les nuits que vous ne vivrez jamais, tout ce joli monde se pâmant d'aise sur des banquettes arrière de Cadillac dans les paysages rutilants de la Riviera, passez votre tour, ce film n'est pas pour vous. Ce n'est pas un hasard si je ne vous ai pas commenté la pochette du disque chroniqué juste au-dessus, passons rapidement sur la première vue, la belle Cad toute chromée des jours heureux, regardez l'autre, d'après vous en quelle époque vivons-nous, la deuxième, l'épave baudelairienne, abandonnée, rouillée, foutue, irrécupérable, l'after-apocalypse, je peux vous la faire à la Nietzsche, vous ne savez pas la nouvelle, le rock 'n' roll est mort !

Entre nous soit dit, entre rockers, ce n'est pas la mort du rock 'n' roll qui est grave, c'est ce qui va avec. C'est nous. C'est nous qui sommes morts. Pour ceux qui ne comprennent pas, nous dirons que nous faisons semblant de vivre. Ne protestez pas, nous refusons d'ouvrir les lettres de réclamation, en plus vous ne comprendrez rien au film de Vince Rogers, et vingt-cinq minutes d'incompréhension c'est long. Dites-vous que c'est un film crépusculaire. Et après ce sera mieux. Rajoutons que le mot crépusculaire signifie autant la fin automnale du jour que sa naissance originelle avant l'aube. En d'autres termes nous avons affaire à un film d'avant-garde qui se passe dans le passé. Archéo-futuriste, pour employer l'expression idoine. Le serpentin du temps mord à pleine dents   sa queue alambiquée.

Rappelez-vous les films muets des origines, avec ces cartons didascaliques qui donnaient les indications essentielles pour mieux situer l'action et qui s'intercalaient dans la suite des images mouvantes. Ben là, ce sont les images fixes qui jouent ce rôle. Marchent souvent par trois. Non pas comme la sainte trinité mais comme la règle de trois. Et entre-temps, que font les acteurs ? Pas grand-chose, surtout qu'il n'y en a qu'un. Qui se contente de mimer quelques unes des actions racontée par une voix-off. Vous trouvez la distribution un peu maigre, vivez avec notre époque, celle des écrans. Plan fixe sur les ordis sordides. Remarquez que le vôtre ne bouge pas beaucoup. Mais ne sont-ce pas eux qui véhiculent les images fixes. Elles sont censées reproduire la réalité, mais elles sont obviées par cette manipulation lente qui s'affiche sur votre écran à vous.

Les décors sont réduits à l'essentiel. A rien. Un rideau, un pan de mur. Nous sommes dans les studios de la Victorine fermés depuis des lustres, à l'abandon, des ruines, n'oubliez pas que l'apocalypse est passée par là. La seule chose qui vit là-dedans c'est un ordinateur-portable qui vous attend. Il ne se détruira pas trente secondes après que vous l'aurez regardé, car nous sommes après les temps de la grande calamité destructrice. Ne pensez pas à une bombe atomique. Cela serait d'un commun ! La bombe est en chacun de nous, c'est notre passé qui est définitivement hors-circuit, pour chacun de nous, pour Eddie Crescendo par exemple, d'ailleurs est-ce lui ou un autre qui essaie de marcher dans les traces d'Eddie Crescendo. Mais peut-être est-ce vous qui essayez de vous substituer à lui en entrant dans son histoire.

D'autant plus qu'il y a la voix qui raconte. Le fil qui baratte le beurre en crème renversée. Coupé et entrecoupé. N'êtes vous pas assez grand pour remplir les pointillés, n'avez-vous jamais conduit sous l'orage, n'avez-vous jamais cherché un cadavre dans un cimetière, n'avez-vous jamais roulé avec une glorieuse passagère à vos côtés... Vince Rogers vous fait confiance. Sachez la mériter. Des images lentes, hiératiques, des photos porteuses d'un statut iconique, et puis du bruit, désagréable, du noise qui vous vrille les oreilles, qui s'appesantit, un passage de musique classique, Vince Rogers nous passe un de ses rockabilly-blues dont il a le secret, n'est-ce pas pour cela les allusions à Eddie Cochran et Buddy Holly.

Certains diront qu'ils ne materont jamais cette aventure d'Eddie Grescendo, vraiment trop bizarre, ils auront tort, car ce n'est pas exactement un film sur Eddie Crescendo, c'est totalement autre chose, beaucoup plus précisément impalpable, laissez-vous bercer par la voix chaude et grave de Vince Rogers, s'il a cru se mettre lui-même en scène, c'est raté, l'a réussi beaucoup plus, au-delà de tout ce que je vous ai raconté, l'a fixé le serpent de mer de la poésie qui nage entre deux eaux, celles des images et celles de la bande-son, jamais dans la focale de la caméra, mais obstinément présente de la première image à la dernière...

Un film sur le cinéma. Que l'on se fait dans sa tête. L'art cinématographique entrevu comme une auto-projection réflexive de ses propres fantasmes.

 

UNE PRODUCTION GOLDEN CLASSIC

UNE ETONANTE AVENTURE DE

EDDIE CRESCENDO

( DVD )

flashback,back from the canigo,rockabilly generation + big beat,vince rogers'long box,rockambolesques

Dix-sept petites séquences, entre quelques secondes et moins de deux minutes. Assez pour installer le mystère. Profitez des vues du début, Nice et sa Baie des Anges, imparfaitement nommée, car il n'y a pas que des chérubins qui fréquentent la Promenade des Anglais, des êtres malfaisants venus de l'espace qui empruntent des corridors stellaires aussi, et plus classiquement des soucoupes volantes. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Eddie Crescendo n'a pas peur d'eux, ne se fie qu'à son arme et en cas d'absence à son jeu de mains très vilain. A priori il recherche pour un client un film tourné dans les studios de la Victorine. Le voici dans un immeuble abandonné, dans lequel il s'est fait piéger comme un bleu. Rappel : les scènes chocs se passent dans la tête du spectateur. Baisse d'insuline et montée d'adrénaline garanties. Pourquoi s'obstine-t-il à reprendre l'enquête dans laquelle son frère a été tué... La dix-septième séquence est la plus courte, et la plus explicite. Rappelons que le chiffre 17 est celui de la mort d'Eddie Cochran. Ne me remerciez pas, c'est une fausse clef. Donc idéale pour résoudre les faux problèmes. Si vous ne comprenez pas, ne vous en prenez qu'à vous, Vince Rogers, vous livre toutes les pièces du puzzle, s'emboîtent mal les une dans les autres, un peu de patience et de réflexion sont exigées.

C'est un peu comme si coupiez en morceaux la pellicule du temps, vous les mélangez, vous omettez de dire aux challengers qui essaient de les remettre dans l'ordre, que certains éléments représentent la réalité physique des évènements et d'autres la réalité rêvée concomitante à ces mêmes évènements – question subsidiaire qui rêve au juste ? N'oubliez pas de vous inclure dans la liste – bref vous êtes confronté à des distorsions... Tout est question de niveau... Ne vous trompez pas d'étage. Surtout vers les sous-sols. Quoi qu'en disent les Led Zeppe, tous les escaliers ne mènent pas au paradis...

Ce coup-ci ce sont des images qui bougent comme dans tous les films normaux. Ce qui est d'autant plus troublant qu'elles ne montrent pas mais qu'elles font signe. A votre intelligence. Serions-nous dans un film anormal ! Certains quand on leur montre la lune regardent le doigt, d'autres quand ils voient un film regardent les images. Ce qui est peut-être nécessaire mais sûrement pas suffisant. Adoptez l'œil subversif. Un seul et même étiage pour les cultures savantes et populaires.

La long-box 2 nécessite davantage de matière grise en ébullition que la long-box 1 qui vous emmenait dans le passé des jours heureux. C'était hier et c'était encore vous. La 2 c'est aujourd'hui, mais elle nécessite un effort d'adaptation mentale pour vous réhabituer à vous-même. Pour survivre dans vos propres mythographies, vous rassure Vince Rogers. 

Même sur le marché parallèle vous ne trouverez aucun artefact similaire à cette long-box. Risque de tenir dans votre vie le même rôle que joue l'objet inconnu étrangement interpellant qui s'immisce dans le quotidien d'une famille heureuse sur la pochette de Presence de Led Zeppelin. Une espèce d'art total du Do It Yourself de l'imaginaire. Rêvé et acté. Mais que de diable de Vince Jolly Rogers nous offrira-t-il la prochaine fois ?

Y a pas à dire, cette long-box 3, elle sera terrible !

Damie Chad.

Commande : passer par F. B. : Vince Rogers, contacter en message privé.

 

ROCKAMBOLESQUES

LES DOSSIERS SECRETS DU SSR

( Services secrets du rock 'n' rOll )

 

L'AFFAIRE DU CORONADO-VIRUS

Cette nouvelle est dédiée à Vince Rogers.

Lecteurs, ne posez pas de questions,

maintenant vous savez pourquoi

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3

SAINES LECTURES

 

AGRESSIONS CANINES

UN FACTEUR PARISIEN ASSASSINE EN PLEIN PARIS

PAR UNE MEUTE DE CHIENS SAUVAGES

Sensationnel fait-divers hier matin en plein Paris, devant la porte du neuf rue Odilon Redon. Les pompiers très rapidement arrivés sur les lieux ne purent que constater le décès de Monsieur Alfred Duffaux, facteur de son état, qui gisait dans le caniveau. La blessure qu'il arborait à la base du nez était des plus légères, mais lorsque les pompiers se saisirent de son corps ils remarquèrent une très profonde entaille à la basse de la nuque. L'autopsie est formelle, il s'agissait d'une profonde et mortelle blessure occasionnée par un chien. L'émoi était grand parmi les badauds assemblées devant la scène du crime, lorsque surgi d'on ne sait où un féroce canidé auquel personne ne prêtait attention se jeta sur un malheureux bébé lui déchirant labourant de ses crocs la jambe gauche. Transporté à l'hôpital, les médecins craignirent dès le premier examen une amputation inévitable, leur sombre prédiction s'avéra nécessaire.

La Mairie de Paris a fait savoir dans l'après-midi que tout chien errant se verra emmené à la fourrière pour y subir sans délai une euthanasie de précaution.

Le Parisien Enchaîné.

Entrefilet du Canard Déchaîné

Il se murmure dans les milieux autorisés que pas très loin de la rue où gisait le cadavre du facteur retrouvé couvert de morsures de chiens se trouverait le local du SSR. N'est-ce pas en évoquant ce service que le Président de la République aurait dernièrement déclaré en conseil des ministres qu'il leur réservait un chien de sa chienne...

5

Du Coronado du Chef s'échappa un nuage de fumée aussi épais que celui de l'Etna au dernier jour de Pompéi.

    • Agent Chad, connaîtriez-vous par hasard le nom de famille du facteur qui nous livre le courrier chaque matin ?

    • Duffaux, Chef si vous voulez parler de celui qui a pris l'habitude de discuter un peu de musique chaque matin en partageant avec nous un verre de Jack, lors de sa tournée.

    • Je ne me pardonnerai jamais ce manque de perspicacité soupira le Chef, en ouvrant son tiroir à Coronados, vous rappelez-vous du retour de Molossa et de son fils adoptif, hier matin !

    • Ah oui, Molossito arborait fièrement dans sa gueule une enveloppe rouge dont il ne voulut à aucun prix se séparer, et qu'il a déposée dans sa panière qui n'est autre que votre tiroir à Coronados, Chef.

    • La voici !

Le Chef se saisit d'un coupe-papier et l'ouvrit précautionneusement. Il en sortit un mince bristol de la même couleur rouge qu'il me tendit Un simple mot en grosses lettres noires en barrait toute la largeur : MEFIEZ-VOUS !

6

Molossa grogna au coin de la rue. Elle s'assit sur son derrière pour nous interdire de tourner. Le danger était devant. Molossito l'imita. C'était une tactique que nous avions mis longuement au point, car il faut toujours avoir un coup d'avance sur l'ennemi. En courant je revins sur mes pas, enfilai la première rue sur ma gauche, tournai à gauche à la suivante, sortis mon parabellum et déboulai dans l'avenue, le Chef qui était resté en faction faisait de même cent mètres plus bas, trois passants apeurés se dépêchèrent de disparaître alors que nous marchions l'un vers l'autre nos pétoires à la main. Nous nous arrêtâmes à dix mètres l'un de l'autre à hauteur de la place réservée pour les handicapés, que j'ai l'habitude de squatter pour garer ma teuf-teuf.

    • En route grogna le Chef, nous n'eûmes même pas le temps de faire un pas, Molossa se planta devant nous et montra les dents. En même temps d'un coup de patte rageur elle envoya bouler Molossito qui s'apprêtait à arroser consciencieusement le pneu arrière. Je plaquai vigoureusement le chiot à terre tandis que le Chef se jetait sur Molossa, nous ne restâmes que deux secondes allongés sur le trottoir, une déflagration désagréable nous perça les tympans, d'un roule-boulé magistral, chacun tenant son animal serré contre sa poitrine, nous nous éloignâmes des flammes qui s'emparaient de la pauvre voiture. Dix ans de bons et loyaux au service du rock'n'roll s'envolaient en fumée. En quelques secondes il ne resta plus qu'une carcasse à demi-calcinée de la Teuf-Teuf. Molossa poussa un long gémissement. Je la vengerai, m'écriai-je.

Le temps n'était pas aux pleurnicheries ni à l'expression de sentiments exaltés. Plus pragmatique le Chef au milieu de la route avait déjà arrêté une voiture, il en sortit le conducteur par le colback et comme celui-ci rouspétait en se débattant, d'un geste vif, il le balança direct dans la vitrine de la pharmacie voisine, qu'il explosa non sans se taillader maladroitement le visage sur les éclats de verre.

    • Agent Chad au volant, direct sur le sens interdit, vous foncez, j'abats immédiatement toute personne qui aurait la mauvaise intention de traverser.

Sur la banquette arrière, les deux chiens remuaient la queue de contentement, l'aventure ne faisait que commencer !

( A suivre... )

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